Faucon La principale variété de l’espèce, adorée en Egypte, était le faucon pèlerin, falcus peregrinus brookei Sharpe, aujourd’hui peu répandu en Egypte, mais habitant toujours le Maghreb, l’Asie Mineure et une partie de l’Iran. Outre les momies de cette race, celles de différentes autres variétés ont été retrouvées, parmi elles, celles du falco babylonicus, du falco concolor et d’autres, des éperviers et même des buses. Le faucon est l’oiseau le plus rapide du monde : en piqué, la vitesse de près de 300 km/heure a été relevée, mais on estime qu’il peut atteindre 350 à 380 km/heure ! Sa vue est six à huit fois supérieure à celle de l’homme, car ses muscles oculaires agissent comme un zoom et lui permettent non seulement de repérer de très loin ses proies, mais aussi de les saisir avec une précision stupéfiante.
C’était le mâle du faucon qui était surtout vénéré, bien qu’il soit d’un tiers pus petit que la femelle - d’ou son qualificatif de " tiercelet ". Toutefois, en Haute-Egypte, des couples de faucons ont été l’objet d’un culte dont l’espèce jouissait pratiquement dans tout le pays. Le faucon et l’animal mythique de Seth sont les deux plus anciens symboles protecteurs de la royauté.
Le faucon était particulièrement consacré à Horus et, par voie de conséquence, à Rê et à Aton ; Monthou, vénéré dans plusieurs sanctuaires de la Thèbaïde ; Sokaris, adoré à Memphis ; Sopdo, dieu guerrier veillant sur les frontières orientales de l’Egypte - sanctuaire principal à Saft el-Hennh, dans le delta - ; et à Kebehsenouf, un des quatre Fils d’Horus, préposé aux canopes.
Le faucon est aussi l’image de l’âme, du Ba, des dieux et des mortels ; il est alors représenté avec un tête humaine. Ainsi était-il, entre autres, le Ba de Rê (Héliopolis), celui d’Osiris (Biggeh/Philae), d’Hathor (Dendérah) etc. Les " Ames de Pe ", manifestations des mânes royaux, sont figurés comme des hommes hiéracocéphales. Mais curieusement, le mot ba est écrit avec le hiéroglyphe figurant le jabirou, ephippiophyncus senegalensis, de la famille des cigognes. Trois oiseaux de cette espèce, serrés côte à côte, constitue le pictogramme des " Ames de Pe "
Notons que d’autres animaux pouvaient également être le réceptacle d’une âme divine (cf bélier, chacal)
Il est aussi surprenant qu’intéressant de constater que les Egyptiens ont choisi, comme animal sacré de deux éminentes déesses, le vautour. Cet imposant rapace de l’ancien et du nouveau monde, atteint, selon les variétés, de 58 à 110 cm de long, déploie une envergure une envergure de 170 à 260 cm et évolue à la limite entre tropo- et stratosphère ! Ses habitudes de charognard (que toutes les variétés ne partagent pas), utiles, certes, sont plutôt répugnantes - surtout pour une déesse, protectrice des couronnes et de la royauté. Sa dépouille, au superbe plumage, a servi de coiffe rituelle à certaines déesses et aux reines-mères.
On pourrait suggérer que le soin particulier avec lequel les vautours élèvent leurs oisillons (souvent un seul couple par an), qui restent longtemps dépendants de leurs parents, a été un motif e comparaison avec la sollicitude maternelle humaine.
Les femelles de l’espèce percnoptère (neophron percnopterus) vautour gris clair aux rémiges terminales noires, étaient vénérées comme un manifestation sacrées des déesses Mout à Thèbes et Nekhbet à Eleithyaspolis (El-Kab actuel). Neith et Isis peuvent être comparées au vautour, protecteur des morts.
L’espèce vénérée par les anciens est l’ibis blanc, ibis religiosa s. aethiopica, ou threskiornis aethiopica, aujourd’hui presque disparue d’Egypte. Les anciens l’ont différencié avec précision, dans l’écriture hiéroglyphique, de l’ibis noir, ibis falcinellus, et de l’ibis eremita, ou ibis comata. A l’origine, il reçut un culte dans le 15e nome de Basse-Egypte, mais il devient rapidement l’animal sacré de Thot, dont il est une des deux formes d’incarnation du dieu, l’autre étant l’hamadryas (cf. singe). Il était vénéré dans les sanctuaires d’Hermopolis (Achymounein), 15e nome de Haute-Egypte, et dans tout le pays, notamment à Saqqarah, Thèbes, Ombos, Abydos. Des momies d’ibis ont été retrouvées par milliers dans les lieux saints et dans plusieurs nécropoles.
Cet animal, struthio camelus camelus, vivait dans les steppes quasi désertiques d’Afrique. Il a été considéré comme malfaisant et attribué à Seth. Néanmoins, ses plumes sont l’apanage de plusieurs divinités (Shou, Maât, Osiris, etc.) et ont servi à la fabrication des éventails et flabella de cérémonie. Sous Aménophis IV (époque amarnienne), les nouveaux concepts religieux accordant le même droit à la vie à toute les créatures du dieu universel et unique, les tabous frappant les espèces typhoniennes ont été levés, du moins officiellement
Les oiseaux, dans la mythologie celtique, sont presque exclusivement des émissaires de l’Autre Monde, messagers des dieux (en fait, ils appartiennent à la Déesse mais elle peut les « prêter » aux dieux) ou dieux eux mêmes, métamorphosés pour visiter les hommes. Ils peuvent être aussi l’esprit des hommes dans une des phases de leur existence, ou de leur parcours initiatique, illustrant alors les diverses étapes de la vie spirituelle.
Certains s’accordent habituellement sur le fait que ce sont des corbeaux, mais Philip Carr Gomm voit des merles (peu cités dans la mythologie) dans les oiseaux de Rhiannon (l’équivalente de notre Rigantona/Epona, Grande Reine de l’Autre Monde et de celui ci) qui veillent sur la tête de Bran le Béni et sur ses sept compagnons en route pour l’enterrer sur la Colline Blanche à Londres, face à la France ( c.f. « Mabinogi de Branwen »). Ce sont les mêmes oiseaux que le géant Yspadadden demande au héros Culhwch de lui rapporter dans le conte du cycle primitif d’Arthur, « Culhwch et Olwen », et s’« ils réveillent les morts et endorment les vivants » c’est parcequ’ils sont psychopompes, qu’ils sont associés à l’Autre Monde et qu’ils servent de liens entre celui ci et le nôtre : en d’autres termes, ce sont des gardiens du Seuil.
Au nombre de leurs épreuves, Culhwch et la troupe d’Arthur doivent aussi délivrer Mabon, enlevé et séquestré la 3ème nuit de sa naissance, dont la présence est indispensable à la capture du sanglier divin Twrch Trwyth ( c’est parfois une truie divine, symbole de la Déesse Mère), symbole du pouvoir sacerdotal dont Arthur veut s’emparer pour réaliser la dualité temporel-spirituel. Certaines nuits, on entend encore parfois passer cette chevauchée fantastique (la Chasse Arthur), équivalente à la Chasse sauvage nordique.
Pour retrouver Mabon, Gwrhyr Gwalstawt Leithoedd, druide magicien (héritier des traditions chamano-druidiques) qui parle toutes les langues des hommes et les langages des animaux (comme Merlin, symbole de la Connaissance druidique primordiale, après sa retraite dans la forêt – d’ailleurs Markale voit dans « Merlin » une rencontre phonétique entre le mot « Merle » et le nom gallois Myrddin) interrogent successivement les cinq animaux primordiaux : le Merle de Cilgwri, le Cerf, le Hibou/Chouette, l’Aigle et enfin le Saumon.
Le Merle est ici encore le gardien du seuil, l’initiateur d’un parcours initiatique qui mène vers la Sagesse et la Connaissance symbolisées par le saumon qui remonte à la source de toute chose, et identifiées à Mabon, équivalent de Maponos, notre Bélénos jeune : jeune dieu soleil, retenu prisonnier par les forces de la Nuit, fils de Modron, divinité solaire et manifestation de la terre Mère, qui, délivré, naît au solstice d’hiver.
C’est justement au solstice d’hiver que le sorbier (dont les baies sont un régal pour les oiseaux chanteurs, et notamment les merles) atteint une grande puissance : dénudé et recouvert de givre, il semble couvert d’étoiles et exprime la manifestation de la lumière au moment le plus sombre de l’année. Arbre des déesses, plus particulièrement associé à Brigit (= Rhiannon = Rigantona), proche de l’eau et des rivières, il est lui aussi au seuil de l’Autre Monde, ainsi donc qu’au seuil de la nouvelle année solaire.
Revenons au Saumon : cinq saumons, porteurs de Connaissance, de Sagesse et de Science, nageant dans la Fontaine de Sagais, séparent les fruits (symboles de Sagesse) tombés de neuf noisetiers de leur coquille (les Anciens associaient le noisetier aux royaumes féériques, il était supposé se tenir à l’entrée –encore une fois au seuil- de ces mondes magiques) qu’ils envoient dans les courants des cinq sens qui partent du bassin (« Voyage de Cormac au Pays de la Promesse ») et il est précisé qu’il faut s’abreuver aussi bien directement à la Source (inspiration-intuition) qu’aux cinq courants (d’où l’importance de la stimulation des sens dans la recherche de la Connaissance et de la Sagesse), pour accéder aux « arts multiples ».
De plus, par ailleurs, le Merle est l’oiseau du forgeron et/ou le forgeron de l’Autre Monde puisqu’ il dit à Gwrhyr que depuis qu’il est là, il a eu le temps d’élimer complètement une enclume de son bec. Or le forgeron, qui tient une place importante, un peu à part, dans la société celtique, est associé à la déesse Brigit (que l’on retrouve donc encore ici) et met en œuvre le pouvoir des quatre éléments : donc on peut considérer que le Merle qui chante à l’aurore et au crépuscule quand tout change autour de nous (l’heure bleue) pour attirer notre attention sur les potentialités de ces moments de seuil alors que le Soleil (Mabon-Bélénos) n’est pas encore levé ou déjà couché, nous invite à franchir le pas (le seuil) et à travailler avec l’air, élément de l’esprit, l’eau, élément du cœur, la terre, lieu de nos instincts et le feu de notre passion spirituelle pour nous engager dans la Quête de la Connaissance et d’une vie accomplie.
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