Le Kâmasûtra (du sanskrit कामसूत्र (Kāmasūtra) composé de काम (Kâma) le désir (également dieu de l'amour, équivalent indien d'Éros ou de Cupidon) et सूत्र (Sûtra) l’aphorisme, soit Les Aphorismes du désir) - est un recueil indien écrit entre le IVe siècle et le VIIe siècle, attribué à Vâtsyâyana.
Le Kâmasûtra est un traité classique de l'hindouisme. Il a été traduit pour la première fois en anglais en 1876 par Richard Francis Burton. Mais le livre ne devint légal au Royaume-Uni qu'en 1963
Les thèmes développés dans l'ouvrage
Le Kâmasûtra apporte des informations sur la vie privée dans l'Inde ancienne. Il évoque successivement "les trois buts de la vie", "les conseils de bon sens", "le comportement du citadin (नागरक वृत्त Nâgaraka vritta)", "le choix d'une épouse" (कन्यासम्प्रयुक्त Kanyâsamprayukta), "les devoirs et privilèges de l'épouse" (भर्य अधिकऋक Bharya Adhikarika), "les courtisanes" et "les méthodes occultes" (अउपनिषदिक Aupanishadika) en plus de toutes les pratiques plus directement liées à la sexualité (सम्प्रयोग Samprayoga). Comme tous les textes de l'Inde ancienne, l'ouvrage peut être également lu comme une allégorie de l'union (yoga) au Divin.
Souvent richement illustré de miniatures, il prodigue des conseils de séduction pour une vie harmonieuse dans le couple, notamment au travers de positions sexuelles (bien que les 64 positions aient fait la popularité de l'ouvrage, elles ne constituent toutefois qu'un chapitre du livre à proprement parler), destiné à l'origine à l'aristocratie indienne.
La Jayamangala (जयमन्गल) est un commentaire de l'ouvrage composé par Yashodhara.
Le Kâmasûtra, qui n'est donc pas seulement consacré au sexe, traite également d'un art de vivre qu'une personne cultivée se devait de connaître. Il aborde par exemple l'usage de la musique, la nourriture, les parfums...
À l'origine, le Kâmasûtra était essentiellement destiné aux hommes et aux courtisanes. Cependant, le livre donne aussi des conseils aux femmes et aux couples et indique que les hommes n'étaient pas tenus à la seule relation sexuelle, mais devaient aussi maîtriser les baisers, les caresses, les morsures et les griffures. Il décrit un certain nombre de positions, mais également le comportement à tenir par les partenaires pour laisser ensuite place à leur imagination.[1]
À l'époque où l'ouvrage a été rédigé, la femme jouissait d'une certaine liberté. On trouve dans l'ouvrage les habituelles injonctions pour "l'épouse fidèle" qui s'occupe de la maison, mais elles côtoient d'autres conseils pour la séduction et la manière de tromper son époux. Le remariage des veuves, qui sera interdit plus tard dans l'histoire de l'Inde, est alors décrit comme acceptable. Le Sati (sacrifice de la veuve sur le bûcher de son mari) n'est pas mentionné dans l'ouvrage original et n'apparaît que dans les rédactions plus récentes[2].
Les courtisanes sont à l'image des geishas. Elles ont une place significative dans la société. Elles percevaient des sommes importantes pour leur art, qui incluait la danse et la musique. Ce sont les autorités britanniques qui interdirent ces "associations de prostituées" que l'Inde avait tendance à laisser pénétrer dans les temples où elles faisaient des offrandes importantes[3].
Le puritanisme plus récent de l'Inde est très contrasté avec la liberté décrite dans cet ouvrage. Même Mohandas Karamchand Gandhi avait envoyé certains de ses disciples détruire des statues dans quelques temples. Rabîndranâth Tagore fit mettre un terme à cette destruction
Histoire du KamaSutra. | |||
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En se Préparant pour Faire l'Amour
Choisir son compagnon
Vatsyayana décrit les qualités essentielles que devait posséder un bon amant, et comment le choisir. | |
Cependant, ces qualités n'étaient pas seulement axées sur les attributs physiques et les aptitudes au lit d'une personne, il lui fallait aussi savoir comment maintenir une relation saine et comment traiter sa compagne avec respect. Même si quelques-unes de ces caractéristiques et qualités requises à cette époque-là, et alors essentielles autant pour la vie pratique que pour la vie sociale, nous paraissent étranges de nos jours (comme par exemple avoir des connaissances géologiques, ou encore savoir jouer de certains instruments de musiques, qui étaient très ressemblants à des bouteilles remplies d'eau), d'un autre côté, un certain nombre de point peuvent nous paraître étrangement actuels et, par conséquent, valent la peine qu'on les mentionne. Selon Vatsyayana, il était nécessaire qu'une femme ait les mêmes centres d'intérêt et les mêmes goûts que son compagnon. Ainsi que pour réussir à obtenir l'homme qu'elle avait choisi, la femme devait avoir la capacité d'attirer à elle l'attention et l'intérêt des hommes. Des études actuelles certifient qu'avoir des connaissances et des centres d'intérêt similaires est un élément essentiel pour la réussite d'une relation. Ces études ratifient donc les dires du Kama Sutra. Par ailleurs, la société de l'Inde Antique était composée de nombreuses castes de classes sociales profondément différentes, par conséquent il était inimaginable que deux personnes n'appartenant pas à la même caste puissent se marier. Bien que ceci n'existe plus de nos jours, on comprend bien que le compagnon jugé le plus compatible avec vous était, en théorie, quelqu'un appartenant à la même classe sociale que la vôtre |
En effet, les mariages était arrangés entre les familles du soi-disant couple afin d'obtenir de meilleurs avantages sociaux et pour élever leur niveau de vie.
Résultait de cela que les personnes étaient constamment forcées à laisser de côté certaines étapes importantes de la relation, comme les phases initiales durant lesquelles le couple commence à se connaître, crée son intimité et découvre les points que les deux personnes ont en commun. Donc les bases d'une relation.
À cette époque-là, Vatsyayana s'affirmait déjà comme étant en avance sur son temps et déclarait que l'unique façon d'obtenir la joie et la prospérité lors d'un mariage serait en choisissant la compagne avec laquelle l'homme aurait le plus d'affinités.
D'un autre côté, la société d'autrefois considérait que l'homme jouait toujours le rôle clé de la relation, et, par conséquent, lui enseignait à utiliser ses qualités pour pouvoir gagner et maintenir la confiance de la femme choisie.
Néanmois, de nos jours nous savons qu'un tel concept n'est correct seulement s'il est appliqué aux deux sexes.
la rencontre
La rencontre du couple doit se réaliser dans une ambiance chaleureuse et envoûtante.
Pour le lecteur actuel, les similitudes entre la vie sociale décrite par Vatsyayana tout au long du Kama Sutra avec notre vie d'aujourd'hui peut éveiller la curiosité.
L'auteur fait la description de fêtes et de rencontres entre amis, pendant lesquelles étaient organisées de longues soirées avec toutes sortes de jeux et divertissements, comme des devinettes, des tests de connaissances ou des joutes verbales poétiques, tout cela accompagné de nourriture et boissons typiques.
Ces événements, tout comme aujourd'hui, favorisaient la rencontre et l'échange des personnes tout en baignant dans un milieu ambiant favorable : leur milieu social.
Les soucis concernant la vie professionnelle (ou religieuse, ce qui était plus courant à l'époque), ou encore les attentes ou créances de la famille ou de la société sont aussi des points communs entre la société de l'époque et celle d'aujourd'hui, placées dans leurs contextes respectifs.
Vatsyayana démontre aussi sa clairvoyance quant à l'ensemble de ses réflexions à propos du timing nécessaire pour chaque relation.
Une relation peut très facilement se refroidir jusqu'à s'éteindre si la flamme de la passion dans le couple n'est pas constamment ravivée, mais d'un autre côté, essayer d'accélerer les choses dans une relation peut créer une intimité forcée, prématurée et peu solide, un peu comme lorsque l'on laisse de côté les étapes importantes qui mènent à la vie en commun.
Ce sujet est entièrement d'actualité, et il est surprenant que l'auteur y ait consacré autant de temps à son époque, tout en arrivant à la conclusion que construire une relation avec une autre personne, bien que ce soit excitant et plaisant, peut aussi être quelque chose de compliqué et peut impliquer un certain nombre de choix destinés à changer la vie des deux amants.
préparer l'ésprit
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Tandis que le peuple Occidental considérait (dans de nombreuses cultures et dans de nombreux endroits, il est toujours considéré comme tel) le corps humain comme quelque chose de comdamnable, sale et duquel nous devions avoir honte, les Hindous le voyait comme un véhicule pour l'esprit, duquel nous devrions être fiers et que nous devrions entretenir de la même manière que notre esprit et notre âme. Ceci explique en grande partie la importance qu'avait le sexe dans la culture de l'époque, en effet, notre corps peut-il recevoir meilleur traitement que le plaisir apporté par l'Amour? L'importance du sexe et le fait de le concevoir comme quelque chose de normal et sain sont clairement deux leitmotiv dans les temples Hindous existant en Inde, ornés de sculptures érotiques sur l'ensemble des murs extérieurs, et montrant, pas seulement le corps nu mais aussi les scènes amoureuses et les positions sexuelles du Kama Sutra. Le Kama Sutra possède un chapitre entier dédié à la "Vie du Citadin" dans lequel est décrite la vie quotidienne de l'individu à son époque. Dans ce même chapitre, Vatsyayana décrit les soins du corps à réaliser au début de la journée, afin de le rendre attrayant et de le préparer pour l'acte sexuel.
Tous ces soins étaient essentiels et devaient être réalisés comme décrit.
Les parfums revêtaient une importance particulière, et les coutumes de l'époque recommandaient que la personne soit sûre que son parfum, ou l'odeur de ses cheveux, lui plaise à elle-même mais surtout à son compagnon. Aujourd'hui, nous considérons que le parfum et l'hygiène personnelle jouent des rôles décisifs dans le processus de conquête amoureuse.
le lieu
le lieu:
Choisir le lieu approprié pour l'acte sexuel est une étape essentielle pour garantir que les deux compagnons profitent au maximum de ce moment. Optez pour un endroit légèrement chauffé pendant l'hiver, pas trop pour ne pas nuire au confort, et pour un lieu frais durant l'été. Le Kama Sutra va plus loin et décrit ce que serait la scène idéale pour faire l'Amour : un lit couvert par une couverture blanche, décoré avec des fleurs et des coussins, et à côté, une table sur laquelle se trouvent olives, huiles essentielles et fruits. Tout en s'inspirant de cette idée, il est possible de créer notre propre ambiance. le climat de l'amour
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