Le terme Nord-Amérindiens, ou Indiens d'Amérique du Nord, désigne les premiers occupants du continent d'Amérique du Nord, et leurs descendants.
En absence d'appellation qui fasse consensus, on utilise parfois les expressions de « premières nations » ou « premiers peuples ». L'expression « Peaux rouges » est ancienne et n'est jamais utilisé aux États-Unis. En anglais, au Canada comme aux États-Unis, on utilise les expressions Native Americans (américain d'origine), Native peoples (peuple d'origine), American Indians, First Nations ou Aboriginal Peoples (peuples aborigènes). Toutefois, ces termes sont souvent rejetés par les interessés qui préfèrent être appelés en fonction des noms de leurs nations. En français, spécialement au Québec, le terme Amérindiens est courant, alors qu'en France on rencontre plus fréquemment "Indiens d'Amérique". Ce terme est à la fois courant et savant. L'autre terme courant au Québec est "autochtone", qui englobe à la fois les Inuit [autrefois appelés Esquimaux] et les Amérindiens. Politiquement, les autochtones du Québec sont regroupés dans l'Association des premières nations du Québec et du Labrador, dont le chef actuel est Ghislain Picard.
Les ethnolinguistes estiment le nombre de langues amérindiennes, mortes et toujours existantes confondues, à 1000 ou 2000, dont 200 rien qu'en Amérique du Nord. Bien que certaines comportent des différences majeures par rapport à d'autres, les spécialistes ont pu les regrouper en « familles » n'ayant parfois connu aucun contact. Les langues eskimo-aléoutes comprennent l'inuktun ou l'inupiaq. La famille des langues athapascanesApaches et les Navajos. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les services secrets américains employaient des auxiliaires navajos qui traduisaient dans leur langue les messages les plus confidentiels avant qu'ils soient cryptés. comprend des dialectes pratiqués par les
Enfin, les langues européennes ont nommé en utilisant leurs propres vocabulaires des éléments de la culture amérindienne, ce qui introduit des confusions : les espagnols ont ainsi baptisé les Indiens pueblos qui signifie village, mais les pueblos appartiennent à quatre groupes linguistiques différents : Hopi, Zuñi, Keres et Tanoar. Les colons anglophones ont utilisé l'appellation"Indian Corn" pour désigner le "maïs", comme les colons francophones, l'appellation "blé d'Inde".
On regroupe le plus souvent les cultures amérindiennes en grands ensembles géographiques : nord-est, nord-ouest (région arctique, région sub-arctique, nord-ouest (État de Washington), Californie, Grand Bassin, Plateaux, Grandes Plaines, Sud-Est, Sud-Ouest, forêts de l'Est. Les conditions de vie étaient donc très différentes selon le milieu de vie des Amérindiens. La diversité des peuples amérindiens s'exprime également dans le domaine des croyances. On peut néanmoins dégager quelques points communs aux nombreuses tribus amérindiennes :
Les Amérindiens partageaient également des rites communs :
Reconstitutions d'un camp amérindien, d'après les données archéologiques de la Savannah River (Géorgie et Caroline du Sud)
Vivant en symbiose avec leur milieu naturel, les Amérindiens dépendent en effet des conditions climatiques et des ressources, même s'ils ont su s'adapter aux contraintes. Chaque grand ensemble a ainsi développé une activité de prédilection, avec son savoir-faire propre. Dans les régions arctique et sub-arctique, il s'agissait de la pêche. Dans le Nord-Ouest (État de Washington) celle-ci visait en particulier les cétacés, les phoques, et la morue. Le travail du bois de thuya (totems, masques), de la vannerie et du tissage étaient aussi très développés. Le Grand Bassin se caractérise par la chasse et l'organisation de véritables villages, voire de villes et de huttes.
Dans les Grandes Plaines, c'est le bison qui est chassé et le cheval dressé suite à son introduction par les Européens. En Californie, on trouve un art décoratif à base de décorations en plumes et en coquillages.
Au Sud-Est, des cultures tropicales de maïs et de pomme de terre sont faites à grande échelle. Ce sont les grandes civilisations précolombiennes qui mettaient en place de telles organisations radicalement différentes du modèle de vie nomade et en harmonie avec la nature, développées par les peuplades d'Amérique du Nord étudiées plus haut.
Enfin au Sud-Ouest, confluent de ces deux civilisations, on trouve des peuples sédentaires influencés tant par leurs voisins de la partie supérieure du continent que par ceux de la partie inférieure. Ainsi ils pratiquent l'irrigation, tissent le coton, font des poteries, tressent des paniers, exploitent les cactus Peyotl, portent des bijoux et vivent dans des constructions en adobe. Toutefois les Apaches sont nomades et vivent donc bien plus de la chasse.
Les sites les plus anciens des États-Unis se répartissent en deux régions principales : la première est celle de l'est, où l'on trouve des témoignages très anciens de la culture des Mound Builders qui construisaient des tertres zoomorphes et des pyramides de terre pour enterrer leurs morts. Les archéologues ont baptisé ces peuples aujourd'hui éteints : les Adenas sont les plus anciens (- 1000 / + ), puis viennent les Hopewells ou Hopewelliens. Les cultures du Mississippi sont également rattachées au Mound Builders.
Le sud-ouest est la deuxième région qui abritait des civilisations disparues au moment où Christophe Colomb "découvre" l'Amérique : les sites archéologiques les plus connus sont le site de Clovis, Danger Cave (Utah) ou encore Folsom (Nouveau-Mexique). Mais de nombreux sites de pétroglyphes se situent aussi dans l'Ouest américain : Red Rock Canyon (Nevada), Bryce Canyon ... Dans cette région marquée par l'aridité et les contacts avec la Méso-Amérique vivent les Indiens pueblos qui sont les héritiers de cultures disparues :
Au nord-est, dans la vallée du Saint-Laurent, les Laurentiens (des Iroquoiens) disparaissent entre le dernier voyage de Jacques Cartier et l'arrivée de Samuel de Champlain. En l'espace d'un demi-siècle, Stadaconé, Hochelaga et tous les villages mentionnés par Cartier ont disparu. Il est généralement admis que leur disparition ne fut pas causée par des épidémies venues d'Europe. Il est fort probable que, sous la pression d'attaques venant d'autres peuples, les habitants du Saint-Laurent se soient dispersés pour rejoindre les Hurons, les Iroquois (les 5 Nations) et quelques bandes algonquines. La tradition wendat fait état de ce fait. Il semblerait, qu’autour des années 1550, les Algonquins, les Montagnais et les Hurons regroupés au sein d'une "Alliance Laurentienne" ont fait la guerre et expulsé très brutalement leurs ennemis iroquois (Desrosiers "Iroquoisie"). Ces derniers garderont en mémoire cette expulsion et feront preuve de grande cruauté lors des combats qu’ils mèneront pendant près de 200 ans contre ces tribus... A suivre...
D'après l'historien Russel Thorntorn, l'Amérique du Nord comptait environ 7 millions d'habitants vers 1500[1]. Par exemple, la population des Hurons est évaluée à 30 000 individus au début du XVIIe siècle et tombe à 9 000 vers 1640[2]. La première cause de la mortalité des Amérindiens est l'introduction de nouvelles maladies par les Européens. Les populations autochtones n'étaient pas immunisées contre la peste, la variole, la grippe ou la varicelle. « Les autres causes de la dépopulation (les guerres, l'alcool, etc.), sans être insignifiantes, sont tout à fait secondaires ».[3].
Pour la chronologie complète des « guerres indiennes », consultez l'article détaillé Guerres indiennes.
Les tribus amérindiennes se faisaient la guerre : au début du XVIIe siècle, les colonisateurs français prennent part aux attaques des Algonquins et des Hurons contre leurs ennemis iroquois. Ces derniers répliquent au milieu du XVIIe siècle et finissent par affaiblir la confédération des Hurons. Certains prisonniers étaient adoptés (ils devenaient Iroquois) d'autres étaient torturés (on leur arrachait les ongles) ou frappés à coups de bâton. Les guerriers mangeaient les organes des vaincus[4] ou gardaient les scalps en trophées.
La cause principale de ces conflits est la volonté expansionniste des treize premières colonies américaines qui se traduit aussi par les guerres hispano-américaines et mexico-américaines, la conquête de l'Ouest par des colons attirés par des terres vierges renforça l'animosité entre les deux peuples, multipliant donc le nombre de débordements. Ces conflits feront l'objet de représailles de la part des deux camps, tels des massacres et des pillages. Ainsi en 1862, les Sioux santees massacrent 1500 hommes, femmes et enfants américains dans le Minnesota.
Cependant les relations entre Amérindiens et Blancs n'ont pas toujours été violentes :
Au XIXe siècle, les Indiens d'Amérique du Nord ont été parqués dans des réserves et leur gibier principal disparaît, les bisons étant exterminés pour leur fourrure sous les incitations du gouvernement fédéral. Ainsi même si la qualification de génocide du traitement de ces populations est discutée, dans la mesure où il n'y avait pas de volonté gouvernementale arrêtée d'exterminer les Amérindiens, ces derniers ont été affamés (prime au massacre de bisons), spoliés de leurs terres par la violence et la fourberie (non respect des accords signés) et privés de leur liberté de culte ainsi que du droit de parler leurs langues. Cette politique est fréquemment nommé ethnocide, terme désignant l'extermination d'une culture. Juridiquement le terme d'ethnocide n'existant pas, la destruction d'une ethnie relève du génocide, selon la « Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide » adoptée a l'unanimité par Assemblée générale des Nations unies en 1948.
En 1830, l'Indian Removal Act inaugure la politique de déplacement des populations amérindiennes toujours plus vers l'Ouest : le président de l'époque, Andrew Jackson, fait voter une loi déportant les Amérindiens vivant à l'Est du Mississippi à l'Ouest de ce fleuve, principalement en Oklahoma, afin d'exploiter l'or situé sur leurs territoires, dans l'Ohio et installer les migrants venus d'Europe. Cette loi est déclarée anticonstitutionnelle par la Cour Suprême et entraîne des guerres avec les Cherokees jusqu'en 1838. Jusqu'en 1850, 100 000 Amérindiens sont déportés. L'épisode le plus célèbre reste celui de la Piste des larmes en 1838-1839. Ce nom vient des larmes de compassion versées par les Américains qui voyaient passer les Cherokees devant eux. Cette déportation forcée fit au moins 4 000 victimes, à cause du froid et de l'épuisement.
En 1896, on pouvait recenser 250 000 Amérindiens vivant aux États-Unis.
<dl><dd>1924 : citoyenneté américaine accordée aux Amérindiens </dd><dd>1968 : naissance du mouvement amérindien (American Indian Movement) à Minneapolis </dd><dd>1969 : occupation amérindienne d'Alcatraz à San Francisco </dd><dd>1973 : occupation symbolique de Wounded Knee </dd><dd>1978 : American Indian Religion Freedom Act : garantie de la liberté de culte pour les Indiens d'Amérique </dd><dd>1988 : Ils obtiennent le droit d'établir dans leurs réserves des établissements de jeu (à condition que les lois des Etats n'interdisent pas le passe-temps) </dd><dd>2005 : La communauté amérindienne détient près de 400 casinos dans 28 États pour des revenus, estimés par la National Indian Gaming Commission, à 22,6 milliards de dollars en 2005 et a diversifié son économie. </dd></dl>
Le recensement de 2000 comptait 2,5 millions d'Amérindiens aux États-Unis. Dans les années 1960, sous l'influence du Red Power, on a redécouvert l'héritage et la civilisation des Amérindiens. Ainsi en Californie, le Native American Day (le 4e lundi de septembre) est l'occasion de rendre hommage aux Amérindiens de l'état, les enseignants sont invités à parler de la culture amérindienne dans les écoles.
Reconstituer l'histoire des peuples amérindiens est relativement difficile pour les périodes les plus reculées. Sans écriture, les Amérindiens ont peu transformé leur milieu et laissé peu de traces anciennes. Néanmoins, la culture amérindienne a influencé les toponymes : plusieurs états fédérés portent un nom d'origine amérindienne (Ohio, Michigan, Idaho, etc.). De nombreux fleuves (Mississippi) et éléments de géographie physique ont été puisés dans la langue des Amérindiens.
Les Amérindiens ont également appris aux Blancs la culture de plantes qui connurent ensuite un grand succès : tomate, pomme de terre, maïs et tabac. Enfin certains mots anglais rappellent leurs origines amérindiennes (anorak, moccassin, canoe, toboggan, etc.).
Pour plus d'informations, voir l'article détaillé : Mots français d'origine amérindienne.
Depuis quelques années, les États-Unis réhabilitent l'héritage amérindien : à New York, le National Museum of the American Indian (Musée national des Indiens d'Amérique) abrite environ un million d'objets des origines à aujourd'hui. Une autre partie des collections se trouve à Washington dans un bâtiment dessiné par Douglas J. Cardinal et ouvert le 21 septembre 2004. Il s'agit d'une institution qui avait été créée à la suite d'une loi votée par le Congrès américain en 1989.
Les Amérindiens eux-mêmes font revivre leurs traditions ancestrales (artisanat, Pow wow). Une partie connaît encore les problèmes de pauvreté et d'alcoolisme. Les Arapahos et les Séminoles entre autres se sont lancés dans les jeux de hasard et l'industrie des casinos. Certains possèdent leur propre casino ; on citera particulièrement le Arapaho Casino situé dans le Wyoming.
Les peuples les plus connus sont :