LES CENTAURES
Les Centaures sont des créatures à la fois fantastiques et monstrueuses de la mythologie grecque. Ils font partie d'une race qui se répartit en trois espèces.
La première, est constituée d'êtres mortels qui sont les descendants de Centauros, fils du roi Ixion, ancien roi des Lapithes. Ils se distinguent par une domination de leurs instincts sauvages et incontrôlés, symbole d'un inconscient qui devient maître de la personne et la livre à ses impulsions.
Une deuxième espèce, est la descendance de parents également mortels, mais au contraire des premiers, ils sont raisonnables et compréhensifs, comme Pholos.
Enfin, celui qui est immortel, sage et bienveillant, le descendant du dieu et Titan Cronos, l'unique Chiron.
Cette race est l'image frappante de la double nature de l'homme, l'une bestiale, l'autre divine. Elle dénonce l'aspect ignoble dans l'homme et incite à lutter contre le désir charnel et la violence. Cette lutte intérieure, souligne le besoin de devenir maître de ses instincts en contrôlant nos penchants destructeurs et égoïstes afin de donner priorité à la puissance spirituelle.
LES DESCENDANTS de CENTAUROS
Selon un premier mythe, Centauros est le fils d'Apollon et de Stilbé. Selon une autre version, il est celui d'Ixion, devenu criminel à la suite de l'assassinat de son beau-père.
LE PIÈGE DE ZEUS
Zeus, ayant eu pitié de ses remords, il reçut Ixion à la table des dieux. Éblouit des charmes d'Héra, épouse de Zeus et mère des dieux, l'ingrat Ixion eut l'insolence de lui déclarer son amour. Pour voir jusqu'où il irait, Zeus, lui envoya Nephele, un fantôme formé d'un brouillard semblable à Héra.
Le piège de Zeus : Pindare, Pythiques, II v. 34-40
Mesurez toujours vos actes selon votre rang. Un amour illicite précipite dans la détresse absolue celui à qui il vient s'offrir ; c'est ainsi qu'Ixion s'unit à une nuée ; dans son erreur, il caressa un doux fantôme, qui ressemblait à la déesse souveraine, à la fille de Cronos, l'Ouranide ; piège tendu par la main de Zeus, beauté fatale.
Ixion n'hésita pas à s'unir à cet être,
La folie d'Ixion : Pindare, Pythiques, II v. 27-34
Dans la folie de son coeur, il s'éprit d'Héra, réservée à la couche bienheureuse de Zeus. Sa démesure l'entraîna à un attentat insolent [...] : dans la retraite profonde de son appartement, il tenta de violer l'épouse de Zeus.
Il en naquit Centauros, le premier centaure, mi-homme mi-cheval. Il a l'aspect d'un être humain, de la tête jusqu'à la ceinture, tandis que la partie inférieure du corps et ses jambes sont celles d'un cheval. On représente parfois les Centaures ayant les jambes antérieures et les parties génitales ressemblant à celle d'un humain.
Naissance des Centaures : Pindare, Pythiques, II v.42-48
Seule mère de son espèce, la Nuée, sans le concours des Grâces, lui donna un fils monstrueux, unique comme elle, en horreur aux Dieux autant qu'aux hommes ; elle l'éleva et le nomma Centaure ; au pied du Pélion, il s'unit aux cavales de Magnésie, et de lui naquit une troupe prodigieuse, semblable à ses deux parents, par ses membres inférieurs à sa mère, par le haut de son corps à son père.
Centauros, qui naquit sans l'aide des Grâces était sauvage et indiscipliné. Il avait une humeur et des comportements brutaux et violents. Peu hospitalier, il n'était pas en très bon terme avec les hommes, il vivait donc loin du monde civilisé. De ses accouplements naquit la troupe des Centaures.
Les Grâces étant absentes lors de la naissance de Centauros, elles représentent ce qui lui fait défaut. Elles sont aux nombres de trois, Aglé (brillante), Thalie (verdoyante), Euphorosyne (joie de l'âme). Compagne de Vénus, la déesse de la beauté leur devait le charme et l'attrait qui assurent son triomphe. Leur pouvoir s'étendait à tous les agréments de la vie. Elles dispensaient aux hommes non seulement la bonne grâce, la gaieté, l'égalité d'humeur, la facilité des manières, mais encore la libéralité, l'éloquence et la sagesse (note : les noms sont ici basés sur la mythologie romaine
LA TROUPE DES CENTAURES
Les Centaures et leurs femelles, les Centauressses, habitent dans les forêts et les régions montagneuses de Théssalie et d'Arcadie. Ils apparaissent généralement en troupe. Ils sont des archers émérites et ne craignent aucune autre créature lors de combats.
Ils se nourrissent de chair crue et ne peuvent boire du vin sans s'enivrer. On les disait se livrer à des beuveries et des orgies. Souvent, on les représentait, faisant partie du cortège des adorateurs de Dionysos, le dieu du Vin.
Ils sont reconnus pour leur appétit sexuel inassouvissable. Ils sont très portés sur les obscénités et à enlever et violer les femmes. Ils sont contre l'institution du mariage.
Ils n'ont aucun respect des règles d'hospitalité. Les Centaures étaient tous simplement incapables d'avoir une relation positive avec les humains et, lors du mariage de Pirithous, ils ont anéanti toute possibilité d'établir cette relation amicale.
LE MARIAGE DE PIRITHOUS
Les principaux mythes associés aux Centaures concernent leur guerre contre les Lapithes, peuple Thessalien voisin et descendant, comme eux, du roi Ixion. Mais ce peuple était aussi civilisé que les Centaures étaient sauvages et sans retenue. Les Centaures avaient jadis revendiqué le royaume de Pirithous, prétendant qu'ils étaient les héritiers véritables d'Ixion. Pirithous, pensant le conflit résolu pacifiquement, les invita à son mariage.
Les Centaures s'y rendirent, mais, enivrés par la boisson qu'ils ne peuvent tolérer, ils tentèrent d'enlever les femmes des Lapithes. L'un d'eux, Eurythion, essaya même d'abuser d'Hippodamie, la propre fiancée de Pirithous. Les Centaures, ne pouvant réfréner leurs pulsions, déchaînèrent le combat qui vit alors leurs défaites et la mort de nombreux des leurs. Ils furent chassés de Thessalie jusqu'au Péloponnèse ; où ils trouvèrent refuge en Arcadie, à Malée.
L'EXTERMINATION DES CENTAURES
Pendant la chasse au sanglier d'Erymanthe, Héraclès fut reçu par le centaure Pholos, fils de Silène, un mortel, et d'une nymphe, Hamadryade. Pholos reçut le héros avec beaucoup d'égards et lui servit un riche repas de viande rôtie. Cependant, Héraclès s'avisa de lui demander d'ouvrir une outre de vin réservé aux Centaures, présent du dieu Dionysos lors de son passage dans la région. Lorsque la jarre fut ouverte, l'odeur enivrante du vin se répandit dans la campagne. Les autres Centaures, en humant cette odeur, furent pris de fureur, et assiégèrent la caverne de Pholos.
Une lutte éclata, et Héraclès pourchassa les Centaures de ses flèches empoisonnées, en tua un grand nombre et mit le reste en fuite. Pholos ne prit pas part au combat, mais en enterrant ses semblables il se blessa mortellement au pied à l'une des flèches d'Héraclès.
Le héros poursuivit les Centaures en fuite, ceux-ci, espérant désarmer sa fureur par la présence de son ancien maître, se retirèrent à Malée, où Chiron, vivait dans la retraite. Mais Héraclès continua de les attaquer, et l'une de ses flèches empoisonnées ayant manqué sa destination alla frapper Chiron au genou.
Les derniers Centaures s'enfuirent à Eleusis, en Attique. Là, Poséidon les cacha à l'intérieur d'une montagne.
Eurythion fut, plus tard, tué par Héraclès, alors qu'il tentait d'enlever et de violer l'une des filles de Dexaménos, roi d'Olénos, qui était alors l'hôte d'Héraclès.
LA VENGEANCE DE NESSUS
Nessus, se vengea cruellement sur Héraclès de tout le mal que le héros avait causé à sa race. Après son mariage avec Déjanire, Héraclès, ramenant sa femme, fut obligé de traverser un fleuve en crue, l'Evénos, en Etolie. Nessus proposa de transporter Déjanire sur son dos, à travers le courant. Héraclès le vit, essayant d'abuser de sa femme, et lui décocha une flèche empoisonnée. Avant de mourir, Nessus, apparemment pour se faire pardonner, dit à Déjanire de prendre du sang de sa blessure et de le garder.
Alors, si jamais l'amour d'Héraclès faiblissait, elle pourrait le gagner de nouveau en imprégnant une tunique de ce sang et en la donnant à porter à Héraclès. Mais le sang était empoisonné et, lorsque, des années après, Déjanire eut à se plaindre des infidélités de son mari, elle fit ce que Nessus lui avait proposé. Héraclès, revêtu de la tunique qui le brûlait, eut une mort horrible.
LE FILS DE CRONOS et PHILYRA
Le dieu Cronos, Titan qui dirigeait alors l'Univers, lors d'une de ses nombreuses recherches du petit Zeus, que sa mère, Rhéa, lui avait dissimulé, rencontra dans la région de Thessalie, l'océanide Philyra, elle-même fille d'Océan. En la voyant, Cronos s'éprit de celle-ci et, malgré le fait qu'il était marié à Rhéa, il la convoita. Pour un Titan, la notion de procréation prédominait sur celle de la fidélité.
Dans une première version, les deux amants se transforment en chevaux afin de pouvoir perpétrer leur liaison sans être découvert par Rhéa.
Dans l'autre version, Philyra, ne partageait pas les sentiments de Cronos. Elle se changea en jument pour tenter d'échapper à ses avances. Mais rusé, Cronos se changea en étalon et se mit à sa poursuite. Il fut ainsi capable de satisfaire son désir d'accouplement avec l'océanide, qui, au terme d'une grossesse, accoucha de son fils, Chiron.
Le fils de Philyra : Pindare, Pythiques, III v.1-7Je voudrais que Chiron, fils de Philyra - s'il faut que ma langue soit l'interprète d'un voeu que forment tous les coeurs - vécût encore, lui que nous pleurons, le puissant fils de Cronos l'Ouranide, et qu'il régna encore sur les vallées du Pélion, le Centaure agreste, plein d'amour pour les hommes ! N'est-ce pas lui qui jadis instruisit le doux artisan de la santé robuste, Asclépios, le héros guérisseur de toutes les maladies ?
Au premier regard sur le nouveau-né, Philyra fut consternée par l'apparence monstrueuse de cet enfant. Il n'avait que ça moitié supérieure qui ressemblait à un être humain, ça partie inférieure, gardant les traces de sa conception chevaline
Elle eut tant de regret d'avoir mis cet enfant au monde, qu'elle pria les dieux d'être n'importe quoi sauf la mère de ce monstre et de l'autoriser à s'en défaire. Elle emmena l'enfant au sommet de la montagne la plus proche, le mont Pélion, et l'abandonna. En réponse à ça demande, elle fut changée en tilleul.
Au contraire des autres Centaures, par sa naissance, étant le Fils de Cronos, Chiron est immortel et il appartient à la même génération divine que Zeus et les Olympiens. À cause de ses facultés, là où un enfant normal aurait succombé, elles lui ont permis de survivre aux forces de la nature, et ainsi apprendre à subvenir à ses besoins essentiels grâce à ses propres ressources et sans faire appel à une aide extérieure.
Né Centaure, Chiron n'a cependant pas le caractère farouche et brutal de ses semblables, qui ne sont pas, rappelons-le, ses frères. On le représente vêtu d'une peau de léopard, symbole de sa maîtrise sur les forces instinctuelles. Il se marie, porte des vêtements et partage ses connaissances avec les humains. Cependant, il ressemble physiquement aux autres Centaures. On le représente, parfois, ayant les jambes antérieures ressemblant à celle d'un homme, et uniquement les jambes arrière semblables à celles d'un cheval.
Chiron
Se distinguant des autres centaures par sa bonté et sa sagesse, Chiron habitait un peu à l’écart des ses semblables vivants sur le mont Pélion, en Thessalie, car celui-ci s’était aménagé une grotte au pied du même mont. Il acquit, grâce à l’enseignement d’Artémis, des connaissances en botanique et en astronomie. Reconnu pour son habileté, Chiron enseigna la médecine à un grand nombre de héros. Il eut comme élève, entre autre, Castor, Pollux, Jason, Phénix, Thésée, Ulysse et surtout Achille, dont il s’occupa avec beaucoup d’attention. Malheureusement, Chiron connu une fin tragique (voir Légende).
Nessos (ou Nessus)
Il s’agit du centaure à l’origine de la mort d’Héraclès. Lors de leur deuxième rencontre, il tenta de violer Déjanire, la femme d’Héraclès. Il fût mortellement blessé par une flèche et, avant de mourir, il confia un secret à Déjanire. Il l’informa que si Héraclès lui était infidèle, elle n’aurait qu’à imprégner les vêtements de son époux dans un liquide formé du sang et de la semence du centaure et que ce filtre lui rendrait sa fidélité. À son grand dam, Héraclès prit pour maîtresse Iolé. Découvrant cela, Déjanire fit ce que Nessos lui avait proposé. Elle imbiba du mélange les vêtements du héros. Lorsque celui-ci les enfila, ils s’attachèrent si bien à sa peau que l’on les aurait cru soudés. En essayant de les retirer, Héraclès s’arracha des lambeaux de chair et, fou de douleur, il finit par se brûler vif.
Légende
Invité par Photos à chasser le sanglier, Héraclès alla prendre un goûter chez son hôte. À l’entrée de sa demeure, il aperçu une jarre de vin. Il en demanda un peu à Photos et celui-ci lui répondit qu’il s’agissait d’un présent offert à tous les centaures de la part de Dionysos qui les avait avertis de l’ouvrir que lorsqu’ils auraient Héraclès comme hôte. Mais Héraclès le convaincu de l’ouvrir quand même. L’effluve délicieuse du vin parvînt aux narines des autres centaures du mont Pélion, qui suivirent l’odeur jusqu’à sa source, armé de rochers et de sapins. Héraclès parvînt temporairement à résister à l’assaut, mais bientôt, les centaures fûrent de plus en plus nombreux et leur lançaient des flèches empoisonnées. Photos et Héraclès coururent se réfugier chez Chiron. Les centaures barbares formèrent un cercle autour de celui-ci. Voulant sauver leur protecteur, Héraclès visa d’une flèche le bras d’un des centaures, Élato. Malheureusement, la flèche transperça son bras et vînt se blottir en plein dans le genoux de Chiron. Héraclès voulu réparer son erreur, mais rien n’y fit ; Chiron souffrait toujours, au point qu’il aurait voulu être né mortel. Prométhée accepta le fardeau de son immortalité, et Chiron mourut. Zeus le plaça dans le ciel, sous la constellation du centaure.
L'ADOPTION DE CHIRON
Philyra abandonna son enfant, et Cronos, époux légitime de Rhéa, ne reconnaîtra pas la paternité de Chiron. Abandonné par ses parents, il fut recueilli et adopté par le dieu Apollon. Il lui enseigna tout son savoir redevable à la culture et à la civilisation. L'éthique, la philosophie, les mathématiques, le raisonnement, la logique, l'art de tirer à l'arc, la prophétie, la médecine et la guérison, la poésie, la musique et l'art de jouer de la lyre.
Dès qu'il fut grand, il se retira sur les montagnes et dans les forêts. Avec Artémis, la sœur jumelle d'Apollon, elle lui enseigna la chasse et la vie sauvage en forêt. Elle lui transmit sa connaissance et le respect de tout ce qui est redevable à la nature, dont la science des végétaux, et surtout les vertus des plantes médicinales. Elle lui enseigna également les diverses propriétés des corps célestes.
Les notions enseignées par Apollon et Artémis représentent la dualité des traditions qui coexistent en Chiron. Celles de la " civilisation " et de la culture, et celles relevant d'une tradition chamanique, qui prévalaient toujours dans l'ancienne Grèce en Thessalie. Chiron symbolisant la fusion de ces deux tendances.
LE PETIT-FILS DE CHIRONChiron vivait dans une grotte, sur le mont Pélion, en Thessalie. On lui attribuait beaucoup de succès féminins, surtout avec les nymphes. Deux d'entre elles, Naïde et Cariclèa, lui donnèrent des fils, dont Ociroe. Il épousa la nymphe Chariclo, qui lui donna une fille, la nymphe Endéis.
Le séjour de Chiron : Ovide, Les Fastes, V v.381-384
Le Pélion est un mont d'Hémonie (= nom ancien de la Thessalie), exposé aux vents du midi ; à son sommet verdoient les pins, ses flancs sont couverts de chênes. C'était le séjour du fils de Philyra : un antique rocher se dresse, creusé d'une caverne où habitait, dit-on, cet équitable vieillard.
Le fils de celle-ci, Pélée, épousa en seconde noce, Thétis, la plus belle des Néréides. Cette nymphe, insatisfaite d'avoir un mortel pour époux, prit différentes formes pour se dérober à Pélée. Mais ce prince, par les conseils de Chiron, l'attacha, et la retint dans des chaînes. Les noces se firent avec beaucoup de magnificence, et tous les dieux y furent invités, excepté la déesse Discorde. De Pélée et Thétis naquirent plusieurs enfants qui périrent en bas âge, et enfin, Achille.
LE GUÉRISSEURChiron, " le Sage ", était reconnu pour sa science dans plusieurs domaines. L'un d'eux, était la guérison. Il est principalement associé aux anciennes pratiques chamaniques consistant à entrer en contact avec les dieux et les esprits du monde de la nature et il est le père de la Médecine. Les patients affluaient pour consulter le centaure qui est le fondateur du chironium, un temple de la guérison située dans une grotte au pied du mont Pélion. La personne malade venait y dormir et elle faisait un rêve qui identifiait sa maladie et la façon de la guérir. Le temple servait aussi pour des initiations où, par le biais de l'hypnose ou du sommeil léger, l'individu parvenait à reprendre possession de toutes ses connaissances accumulées par les vies passées. Il était ensuite initié à ce qui viendrait par la suite. Son nom, Chiron, dérivé du grec " cheir ", main, dénote son habileté manuelle au niveau de la CHIRurgie et de la CHIROpractie. De plus, il porta son talent de la musique, jusqu'à guérir les maladies par les accords seuls de sa lyre.
LE DEVINIl est également reconnu pour ça connaissance des corps célestes, au point qu'il peut en détourner ou en prévenir les influences funestes pour l'humanité. C'est l'astrologie et la prophétie, d'où résultent la CHIROmancie et la lecture des tarots.
LE TUTEUR ET L'INSTRUCTEUR DE TOUTE LA GRÈCE HÉROÏQUEPour ces qualités, Chiron devient le tuteur et le guide des fils des rois ainsi que des plus distingués héros de la mythologie grecque. Peut être Zeus lui-même, lui aurait été confié pour être caché dans sa grotte, à l'abri des poursuites de Cronos, jusqu'au moment ou il aurait été prêt à le détrôner. De même, Jason, lui a été confié par sa mère, jusqu'au moment ou il pourrait revenir reconquérir son trône. Cette raison, d'abriter des fuyards qui chercheront à reconquérir leurs droits légitimes, n'est pas la seule pour laquelle on confiera de jeunes hommes à Chiron.
Ces jeunes héros sont des nourrissons, venus au monde prématurément ou des nouveau-nés, de jeunes enfants ou des adolescents. Ils ont été abandonnés par leurs parents, ou encore leurs parents étaient décédés, car les mères célibataires qui avaient été fécondées par un dieu, étaient susceptibles de perdre rapidement la vie. Également, d'autres jeunes hommes sont amenés à Chiron pour leur permettre d'acquérir les habilités physiques et intellectuelles leur permettant de devenir un héros, soit d'atteindre leur sommet personnel.
Chiron et son épouse les accueillaient dans leur demeure en leur procurant un environnement qui favorisait leurs croissances et leurs éducations. Il eut pour disciples Nestor, Amphiaraüs, Pélée, Télamon, Méléagre, Thésée, Hippolyte, Ulysse, Diomède, Castor et Pollux, Phénix, Asclépios le fils d'Apollon, etc..
Ces héros reçurent un enseignement personnalisé et adapté à leurs besoins spécifiques fondés sur la relation qui existe entre un maître et son disciple. Il leur enseigna la musique, l'art de la guerre, la chasse et la survie en région sauvage, les mathématiques, la navigation astronomique, la botanique, la médecine et la chirurgie. Il s'efforça de développer leurs esprits de commandement et de leur inculquer ses principes de morale : la pratique des lois, l'inviolabilité du serment et la vénération des dieux. Il les encouragea à développer tous talents innés dans les arts divinatoires, et spécialement l'astrologie, afin de leur permettre de prendre conscience de leurs destinées.
Chiron, utilisait ses connaissances de l'astrologie pour déterminer le potentiel de chacun de ces disciples, qui très souvent ont surpassé le maître, et sont devenus les meilleurs et les plus brillants dans leurs champs d'aptitude. Asclépios le surpassa dans la médecine, allant jusqu'à ressusciter les morts. Orphée devient un tel virtuose, que sa musique lui permit d'enchanter les gardiens du monde souterrain, et de ramener son épouse du domaine des morts. C'est également à son école qu'Héraclès apprit la médecine, la musique et la justice.
Comme aïeul maternel, c'est surtout d'Achille qu'il prit un soin particulier. Il lui enseigna la course, l'initia aux arts de la guerre, lui enseigna la musique et la médecine. Il veilla également à développer et fortifier son corps en le nourrissant de cervelles de lion et de tigre, afin de lui insuffler un courage et des forces irrépressibles
FILS DE CRONOS, CHIRON AVAIT REÇU L'IMMORTALITÉChiron eut une longue existence et une robuste vieillesse. On le fait vivre avant et après l'odyssée des Argonautes, pour lesquels il dressa le calendrier de cette expédition à laquelle prirent part deux de ses petits-fils.
Sa fin de vie, cependant, nous montre les contraintes et les limites du destin. Dans la guerre qu'Héraclès fit aux Centaures, ceux-ci, espérant désarmer la fureur du héros par la présence de son ancien maître, se retirèrent à Malée, où Chiron ami d'Héraclès, vivait dans la retraite. Mais Héraclès poursuivit ses attaques, et une de ses flèches, trempées dans le sang de l'hydre de Lerne, ayant manqué sa destination, alla frapper Chiron au genou. Héraclès, désespéré, accourut rapidement, et appliqua un remède que son ancien maître lui avait appris ; mais le mal était incurable ; et le malheureux centaure, en tant qu'immortel, est voué à une souffrance sans fin.
Une autre version de la mort de Chiron mentionne, qu'après l'attaque d'Héraclès contre les autres Centaures, avec des flèches empoisonnées, l'un d'eux, Elatos, s'était réfugié dans la grotte de Chiron ; celui-ci, voulant le soigner, fut égratigné par la flèche, ce qui provoqua chez lui une agonie sans fin.
Cependant, le Centaure mélange des herbes cueillies sur les collines de Pagase et multiplie les ressources de son art pour calmer sa blessure ; mais le poison dévorant triomphait de l'art et le mal avait pénétré jusque dans les os, se répandant dans le corps entier ; le sang de l'hydre de Lerne s'étant mélangé avec le sang du centaure, il n'était plus temps de secourir le blessé.
Cette croisade entreprise par Héraclès, d'exterminer les Centaures, entraîna l'extinction de cette horde. Chiron devenait alors l'un de ces derniers survivants.
Chiron accablé par ses atroces souffrances éternelles, pria Zeus de le libérer de son affliction en lui permettant de connaître la mort et le repos. Héraclès se permit alors de rappeler à Zeus, les conditions permettant la libération des souffrances infligées à Prométhée, soit qu'un dieu offrit de se substituer à lui pour descendre dans l'Hadès, condition finale, pour que le châtiment ultime lui étant infligé prît fin. Ému par la prière de Chiron, le père des dieux, accepta que Chiron lègue son don d'immortalité à Prométhée, il devient ainsi ça rançon. Ainsi n'y avait-il plus d'obstacle à la libération de Prométhée, et Héraclès, invoquant Apollon abattit l'aigle dévorant d'une flèche au cœur et délivra Prométhée.
La mort de Chiron est un hommage pour l'humanité. Il donna ça vie pour permettre que le feu soit libéré du monde souterrain par Prométhée, et que l'humanité, pour progresser, apprenne à utiliser correctement cette puissance. Pour ce faire, la mort de Chiron était nécessaire, car il symbolise la transformation du désir instinctuelle en valeurs spirituelles, et sa mort marque la fin et le début d'une nouvelle ère. Pour ce sacrifice, on se souvient de Chiron comme bienfaisant et " plein d'amour pour les hommes " et Zeus, pour ces qualités, plaça le bienveillant centaure dans le Zodiaque, où il forma la constellation du Sagittaire.
leur naissance |
"Nous devons frapper nos ennemis par l'acier de nos lames et la haine de nos coeurs. Le faible succombe pour que le fort domine et nul ne doit donc être épargné par nos guerriers, car c'est ainsi que le monde comprendra le vrai sens de la peur." Malékith, Roi Sorcier de Naggaroth La race des elfes noirs naquit dans la guerre, un conflit qui dure maintenant depuis plus de cinq mille ans. Les origines de cette terrible guerre reposent sur un seul être, un prince haut elfe du sang le plus noble, mais dont le destin était de devenir le Roi Sorcier des elfes noirs. Cette abomination s'appelait Malekith. Les elfes noirs adorent Khaine le dieu aux mains sanglantes, Khaela Mensha Khaine en langage elfique.Il est le dieu de la guerre, du meurtre et de la haine. II est le dieu destructeur, qui représente le fait que pour qu'il y ait la vie, la mort doit exister, pour qu'il y ait la paix il doit y avoir la guerre, pour qu'il y ait la joie il doit y avoir la souffrance et pour qu'il y ait l'amour il faut la haine.II n'existe pour les elfes noirs qu'un dieu, Khaine, car leur vie n'est régie que par la mort, la guerre, la souffrance, la haine et le meurtre. Il n'ont pas le temps de penser à la vie, la paix, la joie ou l'amour et certainement pas aux dieux qui symbolisent ces nobles sentiments. Ils sont totalement voués à Khaine. Leur vie est contrôlée par le côté noir de leur caractère et ils recherchent toute opportunité de semer mort et carnage. Ils ne s'épanouissent que dans leur religion violente et appliquent ses préceptes à la moindre occasion.La société des elfes noirs comprend de nombreux cultes religieux faisant allégeance à leur dieu. Les Furies sont les plus nombreuses et les plus célèbres.Elles sont les épouses de Khaine, aux corps musclés et agiles, beautés fatales, cruelles et malveillantes. Nombreux sont ceux qui donneraient leur vie pour s'abandonner à l'étreinte d'une Furie de Khaine. Les elfes noirs vivent dans six cités fortifiées dont les innombrables tours noires émergent, comme des pics de glace, de la roche froide et dure de Naggaroth. Toutes ces cités sont des endroits sombres et sinistres, empestant la mort et la souffrance. Leurs lugubres donjons sont remplis de captifs dont les plaintes et les gémissements traversent les murs des hautes tours, propageant un sentiment de douleur et de désespoir. Au sommet de ces tours imprégnées de mal et de fatalité, les sorciers de Naggaroth lancent leurs sorts maléfiques sur le monde.Autour de ces villes, le pays est lugubre et aride. Vers le nord, les terres sont désertiques et soumises aux assauts du vent. Quelques aiguilles de roche dénudée émergent ça et là et des geysers crachent une eau noire et empoisonnée. Vers le sud, la terre devient un peu plus fertile et la température suffisamment élevée pour permettre l'existence de quelques forêts de pins lugubres, ainsi que de vastes plantations où des esclaves travaillent jusqu'à la mort pour approvisionner les cités.Naggarond, la cité la plus sinistre du monde, est la ville principale de Naggaroth. Ses murailles de pierre noire culminent à plusieurs centaines de pieds et sont percées de quatre portes gigantesques fermées par des battants d'acier hauts de cinquante pieds. Les remparts comptent une centaine de tours plus hautes que les murs, l'ensemble semblant émerger directement de la roche. Au sommet de ces tours flottent les bannières noires du Roi Sorcier. Les têtes des victimes sacrifiées sur les autels de Khaine sont empalées sur des piques réparties le long des remparts et la peau des écorchés vifs est suspendue aux murs.
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Elles n'hésitent pas à faire appel à toutes sortes de magies, et sont de tailles variant de celle d'une très belle femme, à de toutes petites créatures, ne dépassant pas la taille des fleurs où elles habitent.
Présentes un peu partout dans le monde, on en parle beaucoup dans les pays celtes comme Dame Holle, mais aussi slaves comme pour la babouchka moscovite qui peut protéger les enfants du fouet de la Baba-Yaga; ou encore dans les contrées germaniques ou bohêmiennes comme Sainte Lucie; en France comme Mélusine ou les Marthes, Peïettes et Trouilles-de-Nouille du Berry; et jusqu'en Inde avec les Apsarâ
Parmi leurs habitats, nous devons spécialement noter les forêts, comme celle de Brocéliandre, où vivent les fées arthuriennes, comme à Avalon d'où peuvent venir Morgane et Viviane.
Elles sont "la rondeur lumineuse et déferlante de la vague, l'espièglerie naïve des sources, la maturité juteuse de la pomme et la fraiche acidité des cerises, le velouté et la promesse des mousses, la dérobade du feuillage, l'enlacement du lierre, l'ivresse du chèvrefeuille mais aussi la morsure des orties, le danger des ciguës, l'engloutissement des algues". Des grandes Néreïdes aux menus Naïades, les Nymphes sont belles et claires comme l'eau qu'elles représentent.
Les Dames Vertes sont toujours de vert vétues; les Vertes Velles sont tellement minuscules que certaines pourraient se cacher dans des mousses; mais les Demizelles peuvent avoir la taille d'un petit arbuste. Les Vougeotes sont gracieuses et les Verdelettes menues.
Les Dryades qui laissent derrière elles un parfum printanier, sont les nymphes des forêts. Issues de l'union des arbres et des dieux, elles embellissent les bois et protègent les forêts, à l'écart desquelles elles ne sauraient survivre.
Quand aux Florales, qui peuvent être complètement minuscules, on dit d'elles qu'elles sont les plus jolies des nymphes, vivant dans les fleurs, par les fleurs et pour les fleurs, dont elles ont l'éclat, la beauté, la grâce et l'élégance.
le philtre d'amour crée par les fées
On aime. Mais comment savoir si l'amour est réciproque ? Comment s'en assurer alors que rien encore n'a été dit… Nos grands-mères avaient quelques secrets, qui semblent parfois bien difficiles à réaliser aujourd'hui…
Créer une « pomme d'amour »
Dans le Massif Central, on conseillait de fabriquer une pomme d'amour : «Il faut cueillir un vendredi, avant le lever du soleil, la plus belle pomme d'un verger.
On doit ensuite écrire, avec son sang, deux petits papiers, sur le premier son nom et son prénom, à la ligne suivante le nom et le prénom de la personne dont on veut être aimé. Il faut avoir trois de ses cheveux, on y joint trois des siens pour lier le petit billet.
Sur le second, on écrit seulement scheva. On fend la pomme, on ôte les pépins ; à la place, on met les billets. Après quoi les deux moitiés de pomme doivent être reliées avec deux brochettes de myrte verte [symbole d'éternité].
Il faut faire sécher au four doucement pour que la pomme devienne dure, après quoi on l'enveloppe dans des feuilles de laurier et, sans qu'elle s'en aperçoive, on la met sous le chevet du lit de la personne.» (R. Crozet)
Utiliser du sang
Dans les campagnes de la Drôme, les vieilles femmes des montagnes savaient, disait-on, fabriquer des philtres d'amour avec du sang de coq ou de mouton noir. La jeune fille pouvait aussi faire boire au garçon recherché quelques gouttes de son sang dans du vin, du gâteau ou du café : une mixture radicale, affirmait la tradition populaire, pour provoquer un attachement éternel.
La même recette existait dans le Languedoc ou en Gironde, où cette pratique était encore courante vers 1900. Dans le Berry, c'était l'inverse : c'était le sang de la personne dont on voulait se faire aimer qu'il fallait parvenir à boire !
Recettes diverses
En Auvergne, on conseillait au XVIIIe siècle, aux jeunes gens soucieux de séduire, de prendre de la moelle dans le pied gauche d'un loup et d'en faire une pommade à faire respirer à la jeune fille souhaitée. Chaque respiration augmenterait son amour ! En Limousin, au cours des bals, le danseur pouvait placer dans le sabot de sa cavalière et à son insu (ou la cavalière dans le sabot du cavalier) une tige de l'herbe dite du Saint-Sacrement : les deux jeunes gens ne pourraient dès lors plus se quitter.
Autres solutions : saupoudrer l'épaule du veston du jeune homme aimé, sans qu'il s'en aperçoive, d'une pincée de «poudre de chauve-souris» (cendres d'une chauve-souris incinérée par les bons soins d'une «sorcière» de village) ; ou bien cueillir une feuille de lierre sans la regarder, la placer sur le cœur du garçon quelques instants, puis la rapporter chez soi et la glisser sous son oreiller...
On pouvait aussi écrire sur un petit papier Aumus Porte aunnus bretingué, l'entourer de beurre et le faire avaler quand le soleil est couché à l'aimé(e)... mais sans qu'il soit découvert et recraché, c'est là toute la difficulté !
Dans le Berry, c'est plus simple : la jeune fille doit simplement faire manger au garçon un morceau de galette dans laquelle elle a mis du fil, symbole du lien qui va désormais les attacher. Encore plus simple : dans les Pyrénées, le garçon doit inscrire le prénom de la demoiselle sur trois feuilles de laurier et parvenir à les glisser en secret sous son oreiller.
La recette du Petit Albert
Le Petit Albert était un livre de sorcellerie que l'on utilisait parfois dans les campagnes autrefois.
Pour se faire aimer d'une personne précise, il donnait aux jeunes gens les conseils suivants :
«Vivez chastement, au moins pendant cinq ou six jours, et le septième, qui sera le vendredi, si faire se peut, mangez et buvez des aliments de nature chaude, qui vous excitent à l'amour, et quand vous vous sentirez dans cet état, tâchez d'avoir une conversation familière avec l'objet de votre passion et faites en sorte qu'elle puisse vous regarder fixement, vous et elle, seulement l'espace d'un Ave Maria ; car les rayons visuels, se rencontrant mutuellement, seront de si puissants véhicules de l'amour, qu'ils pénétreront jusqu'au cœur, et la plus grande fierté et la plus grande insensibilité ne pourront leur résister.
Il est assez difficile de convaincre une jeune fille qui a de la pudeur de regarder fixement un jeune homme durant quelque espace de temps, mais on la pourra obliger à cela, en lui disant, en badinant, qu'on a appris un secret à deviner par les yeux, si l'on doit être bientôt mariée, ou si l'on vivra longtemps, si l'on sera heureuse dans son mariage, ou quelque chose autre semblable qui flatte la curiosité de la personne, et qui la fasse résoudre à regarder fixement
Par leurs voix, ces créatures envoûtaient les marins, provocant le naufrage de leurs navires…
Les sirènes sont les démons de la Mer de la mythologie grecque. C'étaient des genres d'oiseaux à tête de femme qui attiraient les voyageurs par leur chant merveilleux, ou leur musique ; ils s'échouaient alors sur des écueils et elles les dévoraient. On dit qu'elles vivaient dans les îles proches de la Sicile. Plus tard, on a représenté les Sirènes avec une queue de poisson. Ulysse dans son voyage, fait boucher les oreilles de ses marins et se fait attacher au mât afin de pouvoir entendre le chant des sirènes tout en y résistant. Orphée ose rivaliser avec elles. A la fin, dépitées, elles se jettent à la mer et disparaissent pour toujours. C'est sûrement suite à cet "incident" qu'on a représenté les sirènes comme des femmes à queue de poisson.
On les retrouve aussi dans la mythologie nordique. Je cite : "les Havfrues, que l'on nomme ailleurs sirènes. Elles ont un torse de femme et une queue de poisson. Il en est de bonnes et de perfides, mais toutes sont très belles. Au plus clair de l'été, quand une légère brume de chaleur tremble sur l'horizon marin, on peut parfois découvrir une Havfrue assise à la surface des eaux. Elle lisse sa longue chevelure avec un peigne en or. Quand les pêcheurs allument des feux sur le rivage, les sirènes sont souvent nombreuses à venir s'y réchauffer, car on les dit frileuses. Elles cherchent à entraîner les hommes qu'elles ont séduits dans leurs repaires sous-marins. Il faut résister au désir de les suivre et refuser l'amour qu'elles promettent. A qui sait déchiffrer les signes, elles n'annoncent que filets déchirés, poissons pourris, tempêtes horribles et naufrages funestes. Des disparus en mer, il est dit qu'ils ont été emportés dans les demeures des Havfrues."
L’Odyssée raconte que, après avoir passé une année avec Circé, Ulysse décida de continuer son voyage de retour vers Ithaque. Mais avant de partir, la sorcière le mit en garde à propos des dangers qui l’attendraient en mer. Le premier d’entre eux, dont devait particulièrement se garder le héros grec, c’étaient les Sirènes : ces êtres malins qui ensorcelaient les marins avec leurs seuls chants. Pour les éviter, Circé dit à Ulysse : «Passe au large et bouche les oreilles de tes compagnons avec de la cire, afin qu’aucun ne les entende ; mais si tu désires les écouter, fais-toi attacher pieds et mains aux voiles de ton bateau, debout et bien lié avec des cordes, à la partie inférieure du mât. Ainsi tu pourras te régaler à écouter le chant des Sirènes.» Ulysse choisit donc l’option la plus dangereuse : écouter les voix de ces fantastiques créatures, bien que risquant d’échouer et de périr dans l’épreuve. Pourquoi le marin ne se boucha pas simplement les oreilles à la cire ? Quel intérêt pouvait donc avoir le héros à écouter leur chant ?
La caractéristique la plus particulière des Sirènes était sans aucun doute, si on les compare aux autres personnages mythologiques, la force et le pouvoir de leur voix, capable de produire un chant mortifère que ni même Ulysse ne voulut (ou ne put) éviter. Un chant qui ensorcelait les hommes jusqu’au point de les faire sauter éperdument de leur embarcation, pour finir dévorés par les Sirènes sur une île perdue au milieu des mers.
C’est Homère qui met en bouche des Sirènes l’explication de si irrésistible appel : «Approche-toi et arrête ton bateau pour entendre notre voix –disent-elles à Ulysse–. Personne n’est passé en son noir vaisseau sans entendre les douces notes qui fluent de notre bouche, car tous s’en vont se récréer avec nous et apprendre les secrets les plus ignorés. Car nous savons combien vous avez souffert dans l’antique Troie, par la volonté des Dieux, et nous connaissons aussi tout ce qui se passe sur la terre fertile.» Les Sirènes cependant, sont sages et rendent heureux l’homme grec en remplissant son principal désir : celui de la connaissance.
Des femmes oiseau…
Pour les grecs, les Sirènes étaient des êtres moitié femme, moitié oiseau, avec des serres aiguisées en guise de pieds. La mythologie antique ne raconte pas précisément quelle divinité leur fournit leurs ailes :pour les uns, ce fut Déméter, dans le but de l’aider à retrouver sa fille Perséphone ; pour d’autres, ce fut Aphrodite, comme châtiment à leur insolente détermination à demeurer vierges. Dans l’Odyssée, Homère nous offre le premier témoignage littéraire des Sirènes, mais il ne les décrit pas physiquement, puisqu’elles étaient déjà fort connues depuis l’époque mycénienne. Aucun grec n’aurait pu les confondre avec d’autres personnages mythologiques féminins, tels que l’invincible Nike ou la terrible Méduse, la Gorgone au regard pétrifiant.
Plus tard, les Sirènes apparurent dans les Argonautes, œuvre d’Apollon de Rhodes. Cette fois, les Sirènes dirigèrent leur chant maléfique vers l’Argos, le navire transportant Jason, parti à la recherche de la très prisée Toison d’Or. Le père d’Ulysse et Pelée, père d’Achille étaient embarqués sur ce bateau, tout comme le musicien Orphée, qui sauva la vie de ses compagnons lorsque, sortant sa lyre, il entonna de sa voix merveilleuse une mélodie qui couvrit le chant des Sirènes. Dans la mythologie antique, les monstres féminins sortent généralement perdants de leur rencontre avec les héros grecs qui personnalisent à la fois, le rationnel et la civilisation, tels que Persée et la Méduse ou Œdipe et le (/la) Sphinx.
“Ulysse et les Sirènes” par John William Waterhouse (1891)
…Et des femmes poisson
Les Sirènes sont des êtres hybrides, tant dans leur forme de femme oiseau, comme dans leur apparence en tant que femme poisson, qui renferment toute une symbolique d’irrationalité, de trouble, de mystère et même d’onirisme. Étant des femmes oiseau, les Sirènes acquirent avec le temps de nouvelles caractéristiques et fonctions. Tels le dieus égyptien Tôt, les Lasses étrusques ou encore le dieu Zu sumérien, ces êtres emplumés étaient chargés d’accompagner l’âme des morts dans l’au-delà. C’est pour cela que nous les trouvons représentées dans de nombreux sépulcres, en train de se battre la poitrine, jouant de leur instrument ou –telles des pleureuses affligées et pieuses– en train de s’arracher les cheveux.
Au cours des siècles, les Sirènes connurent toutefois une métamorphose sans précédant dans la mythologie, changeant leurs extrémités inférieures d’oiseau pour une queue de poisson. La mythologie antique nous dit que cette transformation pourrait être un châtiment pour avoir voulu rivaliser avec les Muses. D’autres explications ont été cherchées, telles que celle qui associe ce changement à une erreur étymologique qui se serait produite lors de la traduction du mot grec pterygion, désignant autant une aile qu’une nageoire.
Ce qui est certain, c’est que pendant le Moyen-âge, et surtout avec l’avènement du Christianisme, les Sirènes subirent une métamorphose irréversible, qui ne changea pas seulement leur forme physique mais aussi leurs caractéristiques intrinsèques. En effet, dans les premiers bestiaires médiévaux, coexistaient à la fois des Sirènes oiseau et des sirènes poisson, mais les premières cédèrent rapidement leur place aux secondes. Elles apparurent pour la première fois dans le Liber Monstruorum, un manuscrit anglo-saxon rédigé entre les VIII et IXème siècles. Ces nouvelles Sirènes conservent leur relation avec le milieu aquatique, leur ascendance marine et leur pouvoir de séduction au moyen du chant, mais alors elles ne sont plus des sages, offrant la possibilité de connaître les secrets du présent, du passé et du futur. Leur chant est devenu sensuel, érotique et luxurieux, de même que leur corps.
Elles personnalisent tout ce à quoi l’Église s’oppose : le plaisir des sens, la tentation diabolique et le paganisme. Dns leur condition de femme, les Sirènes acquièrent alors toutes les caractéristiques misogynes de l’époque. Il y eut même des auteurs qui utilisèrent allégoriquement l’image d’Ulysse attaché au mât de son bateau comme s’il s’agissait du Christ sur la Croix. Tous les aspects spirituels, musicaux ou illuminateurs dont jouissaient auparavant les Sirènes passèrent alors en la personne des Anges, les seuls hybrides ailés reconnus et mis en avant par l’Église chrétienne.
La Sirène, à la différence d’autres êtres de la mythologie classique, continua à occuper une place privilégiée dans la littérature et l’imaginaire collectif de l’Antiquité jusqu’au présent. Depuis le Moyen-âge, elles apparurent dans les œuvres d’auteurs tels que Jacques de Vitry, Dante, Pétrarque ou encore Calderón de la Barca. Et elles parvinrent à être les protagonistes de légendes et de contes aussi célèbres que celui de la sirène Mélusine ou les références aux Margygr du monde nordique. Fidèles à leurs origines marines et de séduction, elles ornent les figures de proue des navires, délimitent les zones inexplorées des premières cartes cosmographiques ou encore, se montrent luxurieuses depuis les chapiteaux des cathédrales les plus célèbres.
Les sirènes existent-elles ? Non, bien sûr, mais on ne le sait avec certitude que depuis peu de temps… Il y a 300 ans, tout le monde était persuadé que des sirènes attiraient des marins dans l’eau pour les noyer, que de grands serpents de mer attaquaient les navires et que la mer était un lieu de dangers. En fait, personne n’avait exploré totalement les océans et l’homme a toujours eu peur de ce qu’il ne connaissait pas.
Aujourd’hui, nous connaissons mieux les océans et les créatures qui y vivent. Si certaines espèces de poissons vivant au fond des abysses sont parfois bizarres voire monstrueuses, nous savons que les sirènes et autres monstres marins n’existent pas. Certaines personnes rêvent même de vivre dans des maisons sous-marines
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